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C’est une tradition profondément enracinée que d’étudier les noblesses ibériques des deux côtés de l’océan comme deux réalités distinctes. Soit on analyse ce qui est habituellement connu sous le nom de noblesse “indienne”, soit on a considéré quelques-unes (très peu, à part celles exercées en tant que charges de la Monarchie) des activités des titres castillans en Amérique (c.f. Maruri, 2003, 2007, 2009, 2017, Felices, 2012). Il existe des données isolées dans ces perspectives qui permettent de penser à une dimension et à des dynamiques différentes, qui conduisent à l’une des principales questions abordées dans ce projet : peut-on parler d’une noblesse transatlantique dans le cadre de la Monarchie hispanique ? À partir de là, nous proposons la possibilité d’étudier la continuité spatiale – continuité juridique, sociale, humaine, etc. – du réseau nobiliaire des deux côtés de l’Atlantique, en prenant comme référence le collectif qui connaît une réussite dans son processus d’ascension sociale et en se demandant de quelle manière il a su tirer parti, ou bien surmonter, les difficultés que la dimension transatlantique impliquait.

Cette recherche, qui approfondit et élargit la voie des études menées par Bartolomé Yun Casalilla sur les aristocraties castillanes et ibériques et sur la circulation et le rôle des élites dans la formation du premier empire mondial (Yun, 2002, 2009 ou 2019, ainsi que Yun et Janssens, 2005), tente de combler certaines lacunes dans l’historiographie et d’ouvrir de nouveaux domaines de recherche. Il s’agit d’une perspective propre à l’histoire entrelacée qui permet non seulement de rompre avec une vision, aujourd’hui critiquée, qui soulignait l’immobilisme des aristocraties péninsulaires (voir Yun, 1999 et Soria, 2000 et 2007, en particulier), mais aussi de mieux comprendre la conjonction entre changement et continuité, ainsi que le processus d’ascension sociale qui s’est produit au sein des élites de l’empire.

Cette perspective nécessite une étude générale, basée sur une solide base de données relationnelle et sophistiquée regroupant le plus grand nombre possible d’individus et de familles, ainsi qu’une étude de sagas spécifiques qui permette de voir comment les relations entre les membres de ces groupes et la manière dont chacun se projetait sur l’autre côté de l’océan ont influencé l’ascension des lignées familiales. Ce “jeu d’échelles” créera des questions sur le général à partir du particulier et vice versa, et révélera des dimensions complémentaires et contradictoires jusqu’à présent inexplorées ou peu soulignées (Revel, éd. 1996 et 2005).

FELICES DE LA FUENTE, María del Mar. 2012. La nueva nobleza titulada de España y América en el siglo XVIII (1701-1746). Entre el mérito y la venalidad. Almería, Universidad de Almería.
MARURI VILLANUEVA, Ramón. 2003. “De la vieja Montaña a la Nueva España: los caminos hacia la nobleza titulada (siglo XVIII)”, F. J. Aranda Pérez (coord.). Burgueses o ciudadanos en la España moderna. Cuenca, Universidad de Castilla-La Mancha. pp. 257-302.
———. 2007. “Nacidos para triunfar: promoción de indianos de la España cantábrica a la nobleza titulada (siglos XVII – XIX)”, en L. Sazatornil Ruiz (coord.). Arte y mecenazgo indiano: del Cantábrico al Caribe. Gijón, Trea. pp. 141-172.
———. 2009. “Poder con poder se paga: títulos nobiliarios en Indias (1681-1821)”, Revista de Indias. Vol. LXIX, Núm. 246. pp.207-240.
———. 2017. “La nobleza titulada en los virreinatos indianos (siglos XVIII-XIX)”, en G. A. Franco Rubio, N. González Heras y E. de Lorenzo Álvarez (coords.). España y el continente americano en el siglo XVIII. Actas del VI Congreso Internacional de la Sociedad Española de Estudios del Siglo XVIII. Gijón, Trea – Sociedad Española de Estudios del Siglo XVIII. pp. 335-351
REVEL, Jacques. 1996. Jeux d´echeles. La micro-analyse à l´expérience. Paris, Gallimard-Le Suil.
———. 2005. Un momento historiográfico. Trece ensayos de historia social. Buenos Aires, Manantial.
SORIA MESA, Enrique. 2000. El cambio inmóvil. Transformaciones y permanencias en una elite de poder (Córdoba, siglos XVI-XIX). Córdoba, Ayuntamiento de Córdoba.
———. 2007. La nobleza en la España moderna: cambio y continuidad. Madrid, Marcial Pons.
YUN CASALILLA, Bartolomé y JANSSENS, Paul (eds.). 2005. European Aristocracies and Colonial Elites. Patrimonial Management Strategies and Economic Development, 15th- 18th Centuries, London, Ashgate.
YUN CASALILLA, Bartolomé. 1999. “Del centro a la periferia: la economía española bajo Carlos II”. Studia Historica: Historia Moderna, Núm. 20. pp. 45-75.
———. 2002. La gestión del poder: Corona y economías aristocráticas en Castilla (siglos XVI-XVIII). Madrid, Akal.
———. 2009. Las redes del imperio: élites sociales en la articulación de la Monarquía hispánica, 1492-1714. Madrid, Marcial Pons.
———. 2019. Iberian World Empires and the Globalization of Europe, 1415-1668. Singapore, Palgrave-McMillan.